1. SES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES

L’association est amenée à accueillir en premier lieu un public autiste. Les personnes accompagnées présentant des troubles sévères du spectre de l’autisme (TSA), un trouble neuro-développemental (TND) dont les symptômes sont dûs à un dysfonctionnement cérébral. Ces symptômes sont multiples et leur intensité variable. Ce qui fait que chaque personne autiste se situe différemment dans le spectre de l’autisme.

public autiste en train de s'amuser avec un jeu de construction et une figurine Batman

Aujourd’hui, une approche plus évolutive permet de personnaliser l’accompagnement des personnes autistes selon leurs symptômes et la sévérité de leurs troubles. Les personnes autistes perçoivent ainsi le monde d’une façon différente par rapport à une personne dite neurotypique. Le TSA (Trouble du Spectre de l’Autisme) affecte le développement de l’enfant d’une manière spécifique à chaque personne dans différents champs :

  • la communication : langage, compréhension, contact visuel, etc.
  • les interactions sociales : difficulté de perception et compréhension des émotions, relations sociales, jeux, etc.
  • le comportement : gestes stéréotypés, intérêts et activités spécifiques et restreints, recherche d’un équilibre sensoriel, mise en place de routines, etc.
  • la sensorialité : perturbations du traitement des informations sensorielles, altération de la perception de phénomènes externes avec des phénomènes d’hypersensibilité et d’hyposensibilité
  • difficulté à accepter le changement : ritualisations exacerbées, recherche d’immuabilité avec le déploiement de gestes et comportements routinier.

Les séjours proposés sont également ouverts aux personnes présentant des troubles du comportements sévères, pouvant être en lien avec des problématiques dites “psychotiques”. Ces troubles peuvent se traduire par des troubles affectifs et de la socialisation. Ils sont souvent liés à un vécu abandonnique ou de maltraitance, des troubles de la personnalité, cognitifs, ou encore du développement psychomoteur. Ces personnes peuvent également être sujettes à des formes de distorsion de la pensée ou du comportement.

D’autres troubles s’ajoutent souvent

Les troubles du spectre autistique comme du comportement peuvent s’accompagner d’autres signes symptomatiques. Comme des troubles psychomoteurs, des troubles du sommeil, des troubles de l’alimentation, des troubles psychiatriques (dépression, anxiété, 9 déficit d’attention ou hyperactivité), l’association à de l’épilepsie ou encore une déficience intellectuelle.

La mixité proposée en séjour en termes de pathologies accueillies permet la création d’un certain équilibre, à travers la visée d’une socialisation diversifiée entre les personnes permettant la rencontre de profils divers. La faculté de non jugement entre les différents usagers permet de maintenir une dynamique positive et bienveillante envers les personnes. Les spécificités des pathologies, aussi variées soient-elles, peuvent venir se compenser entre elles et permettre l’émergence du groupe.

Au départ ouverte aux enfants, la structure a souhaité poursuivre l’accompagnement proposé aux personnes au-delà de leur majorité. Nous sommes ainsi amenés à présent à prendre en charge des personnes de 6 à 56 ans, qui sont pour la grande majorité prises en charge à temps partiel ou à temps plein dans divers types d’institutions (IME, Lieu de vie, ITEP, FAM, MAS, etc.).

2 – LES PROBLÉMATIQUES SPÉCIFIQUES DU PUBLIC AUTISTE

Comme souligné précédemment chaque personne porteuse de TSA présente un profil pathologique unique avec ses propres spécificités. Ce qui est aussi le cas des personnes présentant des troubles dits “psychotiques”. Ces diverses caractéristiques engendrent des problématiques conséquentes sur la vie de ces personnes et sur leur intégration dans notre société.

2.1 – Les altérations de la communication et des relations sociales

Dans le vaste champ qu’est l’autisme, la difficulté à établir des relations de façon “normale” a été identifiée comme trouble le plus typique. Frances Tustin la caractéristique la plus marquante est qu’ils évitent les relations avec les autres. La communication ainsi que les interactions sociales sont altérées chez ces personnes. La personne autiste se comporte en toute circonstance comme si elle était seule (“aloneness” = solitude). Comme si elle ne percevait pas l’autre.

“Souvent il ne parle pas, ne nous regarde pas, et semble indifférent quand nous lui proposons quelque chose.” (Lheureux-Davidse, 2017)1. L’altération de la communication s’exprime par une mauvaise compréhension, une utilisation limitée des mimiques, des sourires ou des gestes conventionnels (Amiet, 2007)2. L’intrication de ces deux processus et leur enraillement induit des difficultés pour le public autiste à comprendre leur environnement et à se faire comprendre. Ce qui de fait impacte leur socialisation et donc leur intégration sociale et leur inclusion dans différents dispositifs de la vie quotidienne.

2.2 – Le besoin d’immuabilité

Les personnes autistes sont hypersensibles aux variations et aux changements de leur environnement physique (proches, scolaires, loisirs, etc.), et matériel (objets familiers, lieux, etc.). Cette hypersensibilité aux variations du milieu se traduit par un besoin d’immuabilité. Il s’agit d’un critère diagnostic qui se traduit par une exigence de permanence ou de constance de l’environnement.

Par besoin d’immuabilité, les personnes autistes ont recours à des stratégies d’auto-traitement qui prennent la forme de rituels, de comportements restreints ou de manipulations répétitives d’objets. Ces comportements peuvent être un frein à leur socialisation ainsi qu’à leur autonomie. Du fait de cette nécessité de ritualisation constante, ne laissant pas de place à l’imprévu et perçu comme une source d’angoisse. Ce qui ponctue malgré tout la vie de tout à chacun de manière inévitable.

2.3 – Les comportements restreints et répétitifs

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les comportements à caractères restreints et répétitifs sont un critère diagnostic de l’autisme. Le public autiste ne porte pas son intérêt vers la réalité normalement privilégiée. Cette absence d’intérêt pour autrui s’accompagne d’une “focalisation sur des centres d’intérêts spécifiques à la fois par leur nature restreinte ou permanente. Leurs mouvements restreints et répétitifs les régulent car ils sont familiers et donc moins difficiles à traiter que la complexité ou l’imprévisibilité des relations humaines.

Ces répétitions constantes leur permettent de garder leur milieu à l’identique. Elles présentent donc un mécanisme rassurant pour les personnes tentant de pallier à l’angoisse d’un monde constamment en mouvement. On utilise le terme “stéréotypies” pour décrire ces manifestations de comportements restreints et répétés. Ces stéréotypes peuvent prendre plusieurs formes : gestuelles, motrices, liées aux objets, vocales, sensorielles. Toutes peuvent impacter l’acquisition de l’autonomie ainsi que la socialisation des personnes dans leur quotidien.

2.4 – Les troubles relationnels et d’attachement

Les enfants que nous prenons en charge proviennent en majorité d’une prise en charge de l’Aide Sociale à l’Enfance. Les enfants accueillis exposent ainsi pour beaucoup un vécu traumatique, jonché de ruptures sociales, familiales et institutionnelles, pouvant engendrer des troubles relationnels et d’attachement.

La manifestation d’un sentiment d’insécurité dans la relation peut se présenter de différentes façons et avec des origines diverses (rupture brutale, violence, précarité, relation insécure). Ce sentiment d’insécurité va s’étendre au monde extérieur notamment à travers la difficulté de l’enfant à faire confiance. Ainsi qu’à travers des difficultés à réguler ses émotions : agressivité, crises de rage, colère ou débordement d’anxiété, difficiles à calmer.

2.5 – Les troubles du comportements

D’après la théorie Donald Winnicott, appuyée par d’autres travaux de recherche, les troubles du comportement pourraient être dûs à des carences affectives, éducatives, sociales, ou à un traumatisme dans la petite enfance. Malveillance morale ou physique, contexte familial, milieu social défavorisé seraient des facteurs pouvant entraîner des troubles de comportement.

Les troubles du comportement chez le public autiste sont des anomalies dans la façon d’agir et de réagir. Ils comprennent l’agitation, l’agressivité, l’inhibition, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les phobies, les désordres alimentaires (anorexie, boulimie), l’hyperactivité, les addictions. Ces troubles peuvent se montrer très envahissants dans la vie quotidienne de la personne, représentant un frein important à leur socialisation et leur autonomie.

1 Lheureux-Davidse C. (2017), Comportements restreints et répétitifs : une occasion de rencontre, Le Coq-Héron, (n°229), p82-90.
2 Amiet C. (2007), Diversité clinique de l’autisme : aspects diagnostiques, Perspectives Psy, 3 (vol.46), P228-239.